11/09/2009

La faillite de Lehman est aussi celle des analystes bancaires :






















Ce qui est valable aux Etats Unis, l'est aussi en Europe.
Mefiance donc lors de la lecture d'une analyse financiére sur une entreprise. Une analyse financiére reste un outil pour appréhender les perespectives d'une entreprise mais il ne faut pas prendre cette analyse pour argent comptant.

par Elinor Comlay

NEW YORK (Reuters) - L'effondrement de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers avait pris tous les analystes bancaires par surprise le 15 septembre 2008, révélant une forme de faillite intellectuelle qui ne les a pourtant guère poussés depuis à faire leur examen de conscience.

Ceux qui ont osé émettre une recommandation à l'achat sur les valeurs bancaires avant leur remontée depuis mars dernier se comptent sur les doigts de la main. Et aucun n'avait poussé à vendre Lehman Brothers avant sa faillite retentissante il y a un an.

"Il y a une maladie de la conformité à Wall Street", déplore Robert Lutts, responsable des investissements de la société de gestion Cabot Money Management. Même les stars de l'analyse bancaire, comme Meredith Whitney, connue pour avoir la première alerté sur les difficultés de Citigroup en 2007, ou Mike Mayo, fameux pour ses pronostics baissiers sur le secteur, n'ont anticipé ni la chute de Lehman, ni le spectaculaire redressement des valeurs bancaires depuis le printemps.

Moins d'un analyste bancaire sur deux serait parvenu à faire mieux que l'indice des banques commerciales et des banques d'investissement en 2008 si leurs recommandations avaient été suivies, selon StarMine, une filiale de Thomson Reuters spécialisée dans la mesure de la pertinence des conseils des analystes financiers. Et la proportion n'est guère plus élevée cette année.

Suivre son propre secteur d'activité pourrait a priori constituer un avantage, mais les analystes bancaires doivent aussi composer avec les risques pour leurs perspectives de carrière que leur feraient courir des positions trop tranchées, surtout dans un sens négatif.

Il peut aussi être difficile de dénoncer la paille dans l'oeil de son concurrent au risque de ne pas voir la poutre dans le sien: comment dénoncer les pratiques de certains établissements ou critiquer leur stratégie quand la banque qui vous emploie adopte les mêmes ?

TROU NOIR

"C'est toujours mieux de faire des prévisions qui semblent raisonnables au moment où vous les faites", a estimé dans un courriel Henri Blodget, l'analyste vedette des années de la bulle internet, aujourd'hui animateur du site d'informations financières "The Business Insider".

"Les analystes qui ne prennent pas de risque et se moulent dans le consensus font en revanche de longues, paisibles et très profitables carrières", écrit-il.

Henri Blodget, mis en cause pour avoir chaudement recommandé de nombreuses valeurs internet à l'achat tout en émettant des doutes en privé sur leur valorisation, demeure l'incarnation des dérives de l'analyse financière.

La situation s'est certes améliorée ces dernières années, mais lentement. En 2008, les recommandations à la vente ne représentaient encore que 8% des conseils des analystes contre seulement 1% en 2000, selon les données Thomson Reuters. Et sur 20 analystes couvrant le secteur bancaire américain l'année dernière, seuls neuf ont formulé des recommandations permettant de dégager une performance positive.

Couvrir l'activité des banques est certes devenu de plus en plus difficile. Les produits dérivés complexes et l'importance de l'effet de levier ont rendu plus imprévisibles encore les résultats des banques.

"Les banques sont devenues un véritable trou noir. Il n'y a aucun moyen de vraiment analyser aucune de ces institutions et de savoir ce qu'il faut vraiment regarder", reconnaît Ethan Eisler, analyste chez Hexagon Securities.

Mais il y a aussi des analystes qui parviennent à faire mieux que le marché. Jeff Harte de Sandler O'Neill + Partners' et Guy Moszkowski de Bank of America ont formulé les meilleures recommandations depuis le début de l'année, selon Starmine.

Et Harte comme Moskowski avaient déjà battu le marché l'année dernière.

Version française Marc Joanny

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